Tests de personnalité et évaluation des soft skills : les pièges à éviter

Dans le paysage coloré et complexe du recrutement, nous observons que les tests de personnalité ont acquis une place de choix.

Souvent considérés comme une solution miracle pour l'évaluation des candidats, ces outils sont pourtant fréquemment confondus avec l’évaluation des soft skills (compétences comportementales en français, ou les compétences non-techniques). Cette confusion peut conduire parfois à des décisions de recrutement mal informées et potentiellement préjudiciables.

Dans cet article, notre objectif est de clarifier la distinction entre ces deux concepts, à explorer les limites des tests de personnalité, et à voir comment développer une approche la plus juste de l'évaluation des candidats dans un processus de recrutement

Les tests de personnalité séduisent

Les tests de personnalité, tels que le MBTI (Myers-Briggs Type Indicator), le Big Five, ou l'Ennéagramme, DISC et bien d’autres, exercent une fascination indéniable sur de nombreux recruteurs et managers. Leur attrait réside dans leur promesse de fournir un aperçu rapide, et apparemment scientifique, de la personnalité d'un candidat. Dans un monde professionnel où le temps est de plus en plus précieux et où la pression pour faire le bon choix est intense, ces tests semblent offrir une solution idéale pour évaluer l'adéquation d'un candidat à un poste ou à une culture d'entreprise.

Cependant, nous voyons que cette confiance excessive dans les tests de personnalité peut s'avérer problématique, particulièrement lorsqu'ils sont confondus avec une évaluation plus générale des soft skills. 

Les tests de personnalité ne mesurent pas directement les soft skills

Il est crucial de réaliser que les tests de personnalité et l'évaluation des soft skills sont deux choses distinctes. 

Les tests de personnalité visent à catégoriser les individus selon certains traits ou types psychologiques. Ils peuvent donner des indications sur les tendances comportementales générales d'une personne, mais ne mesurent pas directement des compétences spécifiques.

Les soft skills, en revanche, englobent un ensemble de compétences interpersonnelles et comportementales telles que la communication, le leadership, l'adaptabilité, la résolution de problèmes, ou encore l'intelligence émotionnelle. Ces compétences sont souvent contextuelles et se manifestent dans des situations concrètes de travail. 

Par exemple, un test de personnalité pourrait indiquer qu'une personne est extravertie, mais cela ne garantit pas qu'elle possède d'excellentes compétences en communication ou en leadership. Inversement, une personne introvertie peut avoir développé des compétences remarquables en écoute active et en résolution de conflits.

Les biais contextuels et temporels

Les tests de personnalité offrent souvent une vue statique d'un individu, capturée à un moment précis. Or, la personnalité humaine est complexe et peut être influencée par de nombreux facteurs contextuels :

  • L'état émotionnel du moment : stress, fatigue, enthousiasme peuvent affecter les réponses.
  • Le contexte : un environnement de recrutement peut induire des réponses différentes de celles données dans un contexte plus détendu.
  • Les expériences récentes : des événements marquants récents peuvent temporairement modifier la perception de soi.

Ces biais peuvent conduire à une représentation déformée de la personnalité du candidat, qui ne reflète pas nécessairement son comportement habituel en milieu professionnel.

La prédiction limitée de la performance future

Bien que les tests de personnalité puissent fournir des insights intéressants, leur capacité à prédire la performance future d'un candidat reste limitée. La réussite professionnelle dépend d'une multitude de facteurs qui vont au-delà de la personnalité :

  • Les compétences techniques spécifiques au poste
  • La capacité d'apprentissage et d'adaptation
  • La motivation et l'engagement envers les objectifs de l'entreprise
  • La dynamique d'équipe et la culture organisationnelle

Un candidat dont le profil de personnalité semble parfaitement correspondre à un poste peut parfaitement échouer s'il manque des compétences techniques essentielles ou s'il n’est pas capable de s'adapter à la culture de l'entreprise.

La perception intrusive des tests

Pour certains candidats, les tests de personnalité peuvent également être perçus comme une intrusion dans leur vie privée. Cette perception engendre plusieurs problèmes :

  • Résistance ou méfiance envers le processus de recrutement
  • Réponses biaisées pour correspondre à ce que le candidat pense être attendu
  • Stress supplémentaire dans un processus qui met déjà le candidat sous pression 

Cette perception négative peut affecter la relation naissante entre le candidat et l'entreprise, influençant potentiellement sa décision d'accepter ou non une offre d'emploi.

L'insuffisance face à une évaluation approfondie

Les tests de personnalité, aussi sophistiqués soient-ils, ne peuvent remplacer une évaluation approfondie menée lors d'entretiens bien structurés. Les entretiens offrent plusieurs avantages cruciaux :

  • Observation directe des comportements et de la communication non verbale
  • Possibilité d'explorer en profondeur les expériences passées et les motivations
  • Opportunité pour le candidat de poser des questions et d'interagir de manière plus naturelle
  • Évaluation de la capacité du candidat à s'adapter à différentes situations de communication

Un entretien bien mené permet d'évaluer les soft skills en action, dans un contexte qui se rapproche davantage des situations professionnelles réelles.

Vers une approche équilibrée : les tests de personnalité comme outil complémentaire

Reconnaître les limites des tests de personnalité ne signifie surtout pas les écarter complètement du processus de recrutement. Au contraire, utilisés à leur juste place, ils peuvent apporter une vraie valeur ajoutée. Nous proposons d’intégrer les tests de personnalité dans une stratégie d'évaluation plus large :

Contextualiser les résultats

Les résultats des tests de personnalité devraient toujours être interprétés dans le contexte plus large du parcours du candidat, de ses expériences et de ses réalisations. Ils devraient servir de point de départ pour des discussions plus approfondies lors des entretiens, plutôt que de conclusions définitives.

Combiner plusieurs méthodes d'évaluation

Une approche multi-méthodes est généralement plus efficace. Cela peut inclure :

  • Des entretiens structurés axés sur les compétences
  • Des mises en situation ou des jeux de rôle
  • Des tests de compétences spécifiques au poste

Cette approche permettra toujours d'obtenir une image plus complète et nuancée du candidat.

Former les recruteurs et managers à l'interprétation

Il est crucial que les recruteurs, et surtout les managers, utilisant les tests de personnalité dans le processus de recrutement soient correctement formés à leur interprétation. Le risque de faire des raccourcis et passer à côté de bons candidats est alors réduit de manière significative. Cela inclut la compréhension de leurs limites et la capacité à les contextualiser par rapport aux exigences spécifiques du poste.

Utiliser les tests pour l'auto-réflexion des candidats

Plutôt que de les utiliser comme un outil de jugement, les tests de personnalité peuvent être présentés aux candidats comme un outil d'auto-réflexion. Nous prônons le partage ! Cela peut conduire à des discussions plus riches sur leurs forces, leurs défis personnels et leurs stratégies d'adaptation. La plateforme AssessFirst fait cela très bien en donnant de la visibilité sur les profils aux recruteurs ainsi qu’aux candidats. 

Évaluer continuellement l'efficacité des tests

Faire régulièrement la corrélation entre les résultats des tests de personnalité et la performance réelle des employés recrutés est essentielle. Elle peut être faite vers la fin de la période d’essai ou dans les revues de performances, et peut aider à affiner l'utilisation des tests et à déterminer leur pertinence pour différents types de postes.

Transparence envers les candidats

Il est important d'être transparent avec les candidats sur le rôle des tests de personnalité dans le processus de recrutement. Expliquer comment les résultats seront utilisés peut aider à réduire l'anxiété et à encourager des réponses plus authentiques.

Conclusion

Les tests de personnalité ont absolument leur place dans le processus de recrutement, mais ne doivent pas être considérés comme une solution miracle pour l'évaluation des soft skills. Une approche équilibrée, qui reconnaît à la fois la valeur et les limites de ces tests, est essentielle pour un recrutement efficace et équitable.

En utilisant les tests de personnalité comme un outil complémentaire plutôt que comme un critère décisif, les recruteurs peuvent enrichir leur compréhension des candidats tout en évitant les pièges d'une sur-interprétation. L'accent devrait toujours être mis sur une évaluation holistique qui prend en compte les compétences techniques, les soft skills démontrées, les expériences passées et le potentiel futur.

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